Animaux Sociaux

   Animaux Sociaux est une exposition à laquelle je pense depuis longtemps. Elle est issue d’une multitude de volontés. Partons de la dernière. J’ai demandé à deux amis si le fait de parler, témoigner de façon anonyme sur ce qu’il leur était arrivé pourrait les aider. Et leur réponse a été « oui ». Cela a fait germer l’idée du projet, ce ne serait peut être pas un projet photo mais un hybride entre la photographie et le témoignage social.

   Je ne crois pas que ce projet puisse soigner qui que ce soit. J’ai l’espoir d'aider les participants en leur donnant une voix et le public en lui transmettant le message. « Vous n’êtes pas seul, j’espère que vous trouverez du réconfort, dans ces témoignages ! Ces personnes se relèvent, aidons les, aidons nous !».

   C’est aussi une façon pour moi d’illustrer ma position avec mes proches. En effet les personnes de cette exposition se connaissent presque toutes et pourtant elles ne connaissent pas forcément les blessures des unes et des autres. Je me suis donc souvent demandé si ces personnes avaient parlé de leurs blessures ensemble, est ce que cela ne les aurait pas aidé à les surmonter.

La personne que cette exposition aura sûrement le plus aidée c’est moi. La vocation sociale de cette exposition m’a permis de dépasser mes doutes de débutant dans le milieu de la photographie. En effet l’existence du projet était plus importante à mes yeux que la perfection de celui-ci. Je me suis plié à l’exercice de répondre aux questions de chaque participant, le projet m’a aussi permis de faire une petite introspection personnelle.

   Le projet a été entièrement réalisé en 1 mois. J’ai invité toutes les personnes chez moi. Elles étaient invitées à prendre une chaise dans mon salon et à aller s’installer dans le studio photo ( ma chambre). Toutes les photos ont été prises alors que les participants répondaient aux questions de l’interview ( sauf 2 ). Ces clichés sont donc des instants capturés. L’anonymat de ces personnes même s’il est faible vient du fait que les interviews et les photos ne sont pas liées à leur conteur. De plus toute les interviews sont au féminin.

   C’est ma volonté que l’on ne puisse que peut relier les personnes à leur témoignage pour mettre en exergue le fait que l’on ne porte pas ces blessures. D’où ma proposition :Le fait que l’on ne puisse pas relier témoignage et photographie me semblait démontrer que nos blessures ne sont pas visibles pour les autres.Merci pour l’attention que vous porterez à ce travail, bonne expérience!

Les questions de l’interview:

1- Donne moi 3 titres de musique

2- Si tu pouvais dire quelque chose à l’ensemble de la planète qu’est-ce que tu dirais ?

3- As-tu beaucoup d’amis?

4- Quelle vision penses-tu que les autres ont de toi?

5- Quelle est ta vision de toi-même?

6- Penses-tu que ta/tes blessures influencent cette vision de toi-même ?

7- Veux-tu profiter de l'anonymat de cette interview pour dire quelle(s) est/sont ta/tes blessures?

8- Qu’est ce qui te/ t’as permis d’affronter ces blessures?

9- Qu’est ce qui te fait avancer ?

10- Que te manque-t-il pour t’accomplir?

11- Que vas tu faire maintenant?

1- Chan chan Buena - Vista Social Club & La nuit je mens - Bashung & I know - Bayonne

2- Respectez plus ce qu’il y a autour de vous, profitez sans impacter les autres.

3- Je n’ai pas beaucoup d’amis. Mes amis je les compte vraiment sur les doigts des mains. Ça fait deux mains mais il n’y en a pas énormément.

4- Je l’ai déjà posée à des proches et les gens me voient comme une personne très empathique qui va vers les autres et qui est à l’écoute. Et en parallèle je suis impatiente, un peu impulsive et un peu désobéissante.

5- Empathique cela donne un but à ma vie. Mais aussi joviale, souriante, franche et transparente. Mais encore une fois en parallèle je peux être têtue, insolente et désobéissante.

6- Pas forcément, ma blessure a d’autre impact mais pas sur l’image de moi. La vision de moi-même peut-être. Au moment où cela s’est passé j’avais la sensation qu’il y avait deux parties en moi, j’ai laissé une partie de moi dans l’ombre qui observait la partie à la lumière. J’ai moins cette sensation aujourd’hui. Mais si cela ne s'était pas passé je pense que j’aurais plus confiance en moi. L’attention que les autres portent à mon image m'importait moins.

7- Oui je peux le dire, j’ai été abusée sexuellement par mon prof de danse quand j’avais 14 ans. Il faut pouvoir en parler, il ne faut plus que ce soit un tabou. Il ne faut plus que les gens soient mal à l’aise quand tu leur dis qu’il s’est passé quelque chose de grave dans ta vie. Si je n’en parle pas c’est parce que j’ai peur de la réaction des gens pour moi, qu’ils me prennent avec des pincettes et que cela biaise notre relation.

8- Il y a eu plusieurs phases: J’ai pleuré pleuré pleuré. Puis j’ai appris à affirmer mes choix, mes envies dans une période de bêtises. Cette période était un échappatoire. Ensuite je suis rentrée en première S avec une mention bien comme objectif pour m’occuper l’esprit. Cette même méthode m’a donné envie de suivre des études supérieures et alors que j’allais finir j’ai changé de voie plusieurs fois pour rester occupée à étudier. C’est un mur protecteur entre moi et ce qui m’affecte. Dernièrement j’ai commencé une psychothérapie pour prendre le problème à bras le corps car je veux avancer!

9- Le soutien de mes proches sans aucune hésitation.

10- Encore un peu de confiance en moi, qu’elle vienne de moi en plus de celle que les autres m'apportent. Et de finir mes études pour plus de liberté et entreprendre ce que je souhaite.

11- Je vais rester un petit peu là avec toi, puis continuer à candidater à des Masters, organiser cet été. Puis être prise en master et finir mes études!

1- No roots - Alice Merton & silver lightning - First Aid Kit & I’d rather go blind - Beyoncé

2- Ce serait pas mal que l’on s’occupe de notre planète et soyons plus indulgents les uns avec les autres, arrêtons avec les préjugés!

3- Oui et non. Je me considère chanceuse parce que j’ai beaucoup de vrais amis proches sur qui je peux vraiment compter et qui comptent pour moi. Mais je n’ai pas beaucoup d’amis moins proches. Ce qui m’est arrivé m’a permis de faire le tri et je suis agréablement surprise de voir qu’il reste beaucoup de monde après cette épreuve.

4- Les gens qui ne me connaissent pas me voient comme une personne froide, intimidante, grosse gueule ou hautaine puis quand ils me connaissent c’est plus que je suis mignonne, gentille ou encore sympa. Pour mes proches c’est plutôt forte, grosse gueule, têtue avec la joie de vivre. Mes parents sont fiers de moi, me trouvent forte et parfois ingrate, mais j’espère qu’ils me perçoivent bien.

5- C’est difficile j’aime pas parler de ça. Je me trouve forte, cartésienne, peut être un peu trop fière par moment. D’un autre côté je suis un gros chamallow qui pleure. J’ai de l'empathie que j’essaie de mettre à l’usage des autres. Puis il y a des moments où je ne me perçois pas très bien ou je trouve que je fais tout mal, à l’envers. Il y a des moments où je trouve que je ne suis pas assez là pour mes amis, que je ne donne pas assez de nouvelles, que je ne remercie pas assez les gens. C’est un peu paradoxal, d’un côté je me trouve bien comme je suis. Puis à d’autre moments je suis trop perfectionniste, ce qui ne me permet pas d’être satisfaite, fière de ce que je suis et de m'attribuer de la confiance en moi et de la fierté. Je suis donc souvent en conflit avec moi-même.

6- Oui. Moi après mon traumatisme j’ai énormément changé, même si mon entourage ne l’a pas forcément vu. Ce sont surtout des petites manières ou de petites habitudes qui ont changé et ma vision de moi même a beaucoup changé. J’ai perdu énormément de confiance en moi même sans en être consciente. J’ai découvert le sentiment de jalousie, chose que je n’avais pas avant, que j’ai développée à cause de mon manque de confiance en moi et de la peur de l’abandon. J’ai aussi eu des pertes de mémoire, et j’ai fait une dépression. Mais je suis fière d’arriver à surmonter ce traumatisme! En ce qui concerne les autres leurs visions de moi a changé. D’un côté ils me pensent fragile et ont l’impression qu’il faut me protéger. Cela leur a aussi permis de changer de vision sur ce problème, dès qu'ils voient une personne qui se fait embêter, ils agissent. Cela change donc la vision des autres envers moi et leur vision de ce problème dans la vie de tous les jours. Mais c’est un sujet qui est dur à aborder avec les gens puisqu’il n’y a pas de moyen que cela soit abordé normalement. Il faut donc faire le premier pas et le dire aux gens. C’est dur parce que tu vois le choc sur le visage des gens, la colère, la douleur, la peine que je leur fais.

7- Un soir je suis partie en soirée chez un ami qui devait me faire à manger pour mon anniversaire et il voulait m’offrir un cadeau ( dont je ne voulais pas). Quand je suis arrivée il était déjà pompette et il n’avait rien préparé à manger donc on est directement allés rejoindre ses amis au bar. On a passé une bonne soirée dans un bar puis un autre. On est finalement rentrés, j’étais saoule. Quand on s’est couchés cela a un peu dérapé mais j’ai coupé court car c’est quelqu’un qui ne m’intéresse absolument pas, même saoule, il a accepté sans soucis. On s’est endormis. Trois heures plus tard je me suis réveillée, pendant qu’il était en train de me pénétrer, j’ai quelques images qui me reviennent comme la douleur, la tête qui rentre dans le coussin, et de lui dire d’arrêter. Il a arrêté puis c’est un peu flou, je suis restée encore une heure chez lui. J’étais face à mon ami et j’essayais de comprendre ce qui s’était passé.

8- Au début c’était l’instinct de survie ! Ton corps et ton esprit lutte contre toi même si tu ne veux plus survivre. Puis c’est remplacé par la volonté de ne pas se laisser pourrir la vie par son agresseur, donc une volonté personnelle vient lutter contre cette emprise psychologique. Mais quand j’ai vu que j’étais au bord du gouffre je suis allée voir un psychiatre. Il m’a donné un traitement qui m’a aidée à réduire les effets post-traumatiques pour se focaliser sur la guérison mentale. Mes émotions ont alors pu revenir peu à peu. Il ne faut pas oublier de dire qu’il y a eu mes amis et mes proches qui n’ont jamais cessé de m’aider. La boxe m’a permis de libérer ma colère.Une relation avec une personne du sexe opposé qui a été très patiente m’a beaucoup aidée. Cela était un sacré périple! Ce n’est pas encore fini mais j’ai arrêté les antidépresseurs, et je vais de mieux en mieux.

9- Il n’y a pas grand chose qui me fait avancer, je n’ai pas de passion définie, je n’ai pas de but précis dans la vie. Comme je disais, le corps et l’esprit te font continuer ! Le développement personnel prend de plus en plus de place dans ma vie, pour rester dans le changement, pas forcément m’améliorer, pour me définir et finalement me comprendre moi. Et mes pieds…. « Rires »

10- Je pense que c’est être en harmonie avec moi même. Me laisser porter par le vent et être bien dans mes pompes.

11- Je vais m’étirer, finir mes études et me laisser porter au gré du vent.

1- One de Metallica qui fait écho au temps que j’ai passé à l'hôpital, où je ne pouvais pas parlé, ou même bouger. The Tool - The Grudge & A Swan Song - We lost the sea.

2- Arrêtez d’avoir de l’ego. Je pourrais avoir envie de leur dire d’arrêter de procréer mais je ne peux pas obliger les gens.

3- Non! Je n'ai pas beaucoup d’amis et ce n’est pas un défaut selon moi. Je pense que c’est parce que je suis difficile d’accès ou que je suis exigeante avec les gens. Je n’arrive pas à avoir de conversation bateau avec les gens. Et puis quand j’ai trop de personnes à fréquenter j’ai la sensation de perdre pied. Mais des fois la pression sociale fait que je me compare avec les gens qui ont plein d’amis facebook. Je me rends compte que cela me laisse une sensation bizarre, puisque je me compare à la personne que je fréquente qui est bien plus sociable que moi. Cela touche mon ego de me rendre compte qu'elle a plus de contacts sur facebook que moi. Mais qui suis-je pour en juger puisque j’ai 3000 contacts Flickr. En plus j’ai des relations régulière avec 10% de ces personnes.

4- Je suis persuadée que les gens qui ne me connaissent pas pensent que j’ai énormément d’ego. Cela me fait doucement rire car je vois dans mon entourage (sans que ce soit des amis) des gens que cela rassure de fréquenter quelqu’un dont ils pensent qu’il a plus d’ego qu’eux même. Alors qu’ils se trompent complètement et rient quand je leur dis ce que je pense d’eux. Il y a des gens qui me voient à un second niveau. Ils me voient comme quelqu’un qui est très à l’écoute toujours prête à avoir une conversation sérieuse. Je fais un peu peur au gens. C’est quelque chose que j’ai longtemps cultivé mais j'essaye maintenant de faire plus attention avec les gens.

5- Je suis très sensible et je fais beaucoup de choses pour le cacher ou pour me protéger contre le monde extérieur. Je me sens comme quelqu’un qui nage à contre courant. J’ai tout le temps la sensation de m’extirper d’un carcan dans tous les domaines de ma vie. J’ai à la fois pleins de choses à me prouver sans rien avoir à prouver aux autres. C’est cela qui fait que j’ai la sensation que ma vie est une bataille. Je me sens comme un animal blessé qui doit ré-apprendre. Mais du coup ma vie est une libération constante.

6- Oui absolument. Ce qui m’est arrivé quand j’étais petite m’a fait passer très près de la mort. Cela m’a fait comprendre ce que cela pouvait être de mourir, ce qui fait qu’aujourd’hui je suis prête à la mort. Il y donc une partie de moi qui voit mon existence comme du bonus. Je n’ai pas envie de mourir demain mais j’y suis prête, même prête à la mort des autres. Cela influence donc mes réactions dans les moments graves, j’affronte mieux les évènements. Le fait est que l'événement le plus traumatique de ma vie est arrivé au début, je n’ai donc pas de point de comparaison avant/après puisque je ne sais pas comment c’était avant. Je pense que ma blessure me renforce beaucoup car elle me permet de me dire “ je suis moi”, et que je ne passe pas inaperçue. Je suis très fière de mes cicatrices, mais je les aime bien encore une fois car je les ai toujours eu. Comme j’ai toujours eu la sensation d’être moi, j’ai peur de me diluer au contact des autres, c’est notamment de là que vient ma méfiance des autres. Le fait d’être presque morte me permet d’affronter toutes les autres épreuves de la vie, puisque tant que cela ne me tue pas j’ai la sensation que tout est surmontable. Cela développe une partie sur-homme ( selon le travail de Nietzsche) chez moi, je peux toujours faire mieux et toujours m’améliorer. C’est quelque chose que je renvoie aux gens et qui les fait se remettre en question.

7- Je peux très bien faire cela. Je suis quelqu’un qui est né avec une tumeur dans la trachée, ce qui veut dire que j’ai fait un arrêt respiratoire à 1 mois et que j’ai fait 3 ans et demi d’hosto. Pendant ces 3 années et demi j’étais trachéotomisée. Je n’ai donc pas parlé pendant tout ce temps là. Il faut bien se rendre compte que c’est l'époque où l’on apprend à parler. De ne pas avoir parlé cela m’a appris à écouter. J’ai l’impression d’être à part sans être discriminée. Mais cette blessure fait partie de moi. Il y a une autre blessure dont je voudrais parler d’une histoire d’amour qui a duré longtemps, qui était très formatrice puisque j'essayais de construire avec l’autre et qui s’est très mal finie. Ce que j’en tire c’est que ce qui arrive dans ta vie, qui fait mal et dont tu ne comprends pas la cause, t’apprend beaucoup.

8- Mon côté Nietzschtien, de sur-homme. Mais il y a aussi les circonstances de l’époque, puisque j’étais enfant, les choses étaient comme elles étaient.

9- Mon côté Nietzschtien! Mais ça change au long de la vie. Au début c’était le temps qui passe puis les autres et enfin le fait de me prouver des trucs. Aujourd'hui c’est les choses que j’aime faire et la sensation qu’il y aura toujours quelque chose que j’aime faire même si je n’ai pas le moral.

10- De complètement réussir à lâcher mon égo. Mais si je complète ce que je dis plus tôt, je pense que je ne serais jamais accompli puisque c’est ce qui donne un sens à ma vie. Et peut-être aussi accepter ce que les autres pensent de moi (qu’une personne m’aime)

11- Je vais te poser des questions.

1- Rivers - Leon Bridges & Evidemment - Lomepal & Pushin’ Against a stone - Valerie June

2- Aimez vous vous même, aimez les autres, aimez ce qui vous entoure, aimez!

3- J’ai beaucoup d'amis, parfois j’ai l'impression d’en avoir trop. Puis je me dis que j’ai vécu tellement d'expériences différentes que c’est normal. Ce ne sont pas des personnes identiques et que je ne peux pas forcément regrouper ensemble puisqu’elles sont liées à diverses parties de moi.

4- C’est dur ça! En ce moment c’est particulier puisque je ne vais pas très bien. Je suis donc perçue différemment, je surprends les gens en ce moment. En général sinon je suis perçue comme quelqu’un d’extravertie, drôle, curieuse de beaucoup de choses.

5- Je me perçois comme quelqu’un de parfois trop extravertie et cela me porte parfois préjudice. Je suis quelqu’un qui a des humeurs très différentes, un caractère fort, et quelqu’un qui sait ce qu’elle veut.

6- Je sais que les blessures impactent la manière dont tu agis et la manière dont tu te perçois. Donc indirectement sur la manière dont les gens te perçoivent et comment toi tu te perçois puisqu’ils ne connaissent pas forcements tes blessures. Ils te perçoivent donc d’une certaine manière qui n’est pas toujours en accord avec ce que tu as vécu. D'un autre côté, tu te vois à travers tes blessures, et ta vision de toi est donc biaisée. Alors que pour le monde extérieur, tel qu'il te voit, tu n'es pas que tes blessures.Aujourd’hui je pense que mes blessure m’impactent encore. Par exemple alors que je suis bien entourée j’ai encore la peur de perdre mes proches.

7- Il n’y a pas de problèmes. J’ai perdu mon papa quand j’avais 9 ans. Il a fait un infarctus massif, ce qui ne nous a pas permis de nous préparer à sa mort. Cela a été très dur pour moi, j’ai mis des années à m’en remettre, à l’accepter. Je l’ai vraiment accepté seulement à mes 16 ans. A partir de là j’ai fait une dépression, c’est ma deuxième grosse blessure. Je comprends donc ce que vivent les gens qui dépriment. C’est quelque chose de bien connu mais très peu compris. En ce moment, à 25 ans, je vis une nouvelle dépression qui me renvoie à celle de mes 16 ans. Cela me prouve que le corps n’oublie rien, des blessures de mon enfance que je pensais avoir guéries sont ressorties pour x raisons. Malgré un entourage qui m’aime, ces blessures ressortent et je les affronte maintenant. Je suis donc en dépression actuellement mais je suis sous traitement. Depuis 3-4 jours je vais un peu mieux, je reprends du poil de la bête, donc ça va aller!

8- Il faut s’accrocher à ce que l’on a! Il ne faut surtout pas se battre, se forcer. Pour moi faire cela ça déprime encore plus, puisque tu en viens à te dire « moi j’ai tout ce qu’il me faut et pourtant je ne suis pas bien, je suis vraiment une merde en fait ». Alors qu’il est préférable de profiter des gens autour de soi tout en gardant en tête que tu as le droit de ne pas être bien. J’ai le droit de ne pas vouloir me lever, sortir, voir des gens, sourire. Il faut s’accorder le droit d’être mal. Bien sûr si tu commences à avoir des idées noires, il faut consulter, et dans tous les cas il faut consulter un psychiatre. Selon moi un psychologue ne peut pas te sortir d’une dépression, il faut aller voir un psychiatre qui a été formé sur cela pour qu’il te donne un traitement. Là aussi c’est un point important, ce n’est pas parce que tu te traites que tu es une camée. Il y’a deux phases à la dépression, prendre des cachets et l’envie d'aller mieux un jour. Les cachets ne te permettent pas de guérir complètement si tu n’as pas l’envie d’aller mieux un jour. Il ne faut donc pas perdre espoir.

9- Les projets que j’ai pour l’avenir. Mon envie de voyager à nouveau un jour sans avoir peur. De travailler de nouveau, tout en aimant mon travail et mes collègues. Avoirs des enfants, me marier, des envies que je n’avais pas il n’y a pas longtemps mais qui commencent à arriver!

10- La confiance en moi, il m'en faudrait beaucoup plus. Il faudrait que je sois confiante de ce que je fais, de ce que je suis et de ce que je peux produire sans attendre la reconnaissance des autres. C’est ce qui me freine, ce qui continue de me freiner et que je perds encore plus confiance en moi quand il y a un problème. Il faudrait seulement que je me dise que l’échec ne vient pas forcément de moi.

11- Je vais sourire si j’ai envie de sourire et je vais apprécier ce qu’il y a autour de moi si j’en ai envie. Je vais faire ce que je veux en fait!

1- Always look on the bright side of life - Monty Python & Echoes - Pink Floyd & Snake eyes - The Alan Parson project

2- Profitez! On n’a pas le temps pour les mauvais moments.

3- Ouais! J’ai surtout eu la chance de rencontrer des personnes géniales.

4- Avec les yeux ! (Blague) ha l’odeur! ( encore blague). Mais sinon comme une personne ’assez calme et réfléchie pour certains, ou comme une philosophe épicurienne pour d’autres. Comme quelqu’un qui réfléchit trop parfois.

5- Dans le miroir (blague)! Je crois me connaître pas mal et c’est aussi un peu le problème. Je réfléchis beaucoup donc je finis par me connaître, je sais que je réfléchis trop. Je suis donc parfois trop torturée et je n’ose pas avancer. C’est à l’inverse de ce que je voudrais dire au monde. Sinon je me perçois comme une bonne personne, j’ai fait des erreurs mais ça va.

6- Pour certains cela ne change rien ( et c’est peut-être ça le mieux dans l’absolu), et pour d’autres il y’a l’avant / après. Ils s’en servent comme une excuse ou me mettent sous une cloche protectrice alors que ce n’est pas nécessaire d’en parler tous les jours. Dans mon cas il y a un avant après car j’ai l’impression qu’une part de moi est morte pour laisser la place à une nouvelle moi. Des choses ont changé au niveau de ma psyché. Dans mon cas j’ai envie de passer à autre chose et que l’on ne m’en parle plus même si cela part d’une bonne intention.

7- J’ai eu un cancer à l’âge de 23 ans et j’ai appris ça le jour de mon anniversaire. J’ai eu la totale, opération et chimiothérapie pendant 9 semaines, ce n’est pas si long mais j’ai eu le protocole le plus violent. Sinon quand j’avais 20 ans, j’ai eu une blessure physique qui a mis fin à une possible carrière sportive et aussi à ma pratique sportive qui était très importante pour moi. Cela m’a mis un grand coup au moral, et après cela il a fallu me reconstruire et trouver une nouvelle motivation. Ces deux moments là me servent de balises dans ma vie et me permettent de savoir si j’ai avancé dans ma vie.

8- Pas grand chose. Pendant la chimio, la volonté d’avancer m’a permis de tenir. A un moment j’ai senti un flou entre volonté et obstination. Je me suis remise nvite grâce à cette volonté et cette obstination. Mais aussi une volonté de ne plus jamais être faible comme je l’avais été. Le temps aide si on affronte ses questionnements.

9- Je ne sais pas, on va dire que pour le moment je suis dans ma vie et que j’essaie de ne pas me projeter trop loin. Pour l’instant j’avance c’est tout.

10- Il faudrait que je trouve la motivation de retrouver ma motivation de départ, le sport et ma forme physique d’antan. Mais je repars du début, je me souviens de la route.

11- Je vais reprendre un café.

1- Touch - Daft Punk & Alter ego - Jean-Louis Aubert & Ma bonne étoile - M

2- Je dirais qu’il faudrait arriver à plus aimer et pardonner à sois-même et aux autres.

3- Je connais beaucoup de gens mais je pense avoir peu d’amis proches. Comme j’ai pas mal bougé j’ai rencontré beaucoup de gens mais ce sont des gens qui ne sont pas forcément restés, j’ai donc peu d’amis proches sur qui je peux compter nuit et jour. Par contre je peux aller dormir où je veux sur la planète, car j’ai des connaissances partout.

4- Les gens qui ne me connaissent pas me voient comme une personne forte, calme, sereine , sûre d’elle. Et les gens qui me connaissent savent que je suis aussi sensible. On me dit souvent que je semble courageuse.

5- Je ne me vois pas si forte, je sais que je suis capable de beaucoup de choses. Mais je pense me connaître, avoir confiance en moi mais je sais que j’ai une sensibilité existante que j’arrive à surmonter. Je suis très bienveillante avec les gens autour de moi quitte à être un peu trop prise pour un pilier.

6- je pense que cela influe sur ce côté un peu fort! Je ne suis pas du tout dépendante des autres ce qui reflète une certaine liberté qui est parfois enviée ou incomprise. Ça fait partie de moi, je n’en souffre pas, sauf parfois en amour.

7- Ma plus grosse blessure est le divorce de mes parents, aujourd’hui je souffre plus des conséquences. Le divorce de mes parents et ce que cela a engendré derrière comme la séparation avec mon père. Ma mère nous a éloignées de mon père et nous a donné de fausses informations qui n’ont pas facilité mes relations avec mon père. En effet on a arrêté de se parler pendant de longues périodes avec mon père. Mais je dois dire que j’ai aussi vécu de merveilleux moments avec ma mère et ma sœur. Mais j’ai aussi été seule avec ma mère qui vivait de mauvais moments car elle souffre d’une blessure d’abandon qu’elle nous a peut être un peu transmis. Après j’ai aussi mal vécu le fait que ma sœur souhaite partir vivre avec mon père et nous laisse avec ma mère et mon beau père. Cela pour cela je pense que j’ai du mal avec les gens qui partent.

8- Je pense que c’est d'arriver à aimer les gens, et du coup d’être assez curieuse pour avoir envie de toujours connaître de nouvelles personnes. J’ai eu envie de voyager pendant très longtemps, je l’ai fait et cela m’a fait beaucoup de bien. Maintenant j’ai envie de créer des choses autour de moi. J’ai envie d’aimer les gens et de leur rendre service. J’ai du mal à imaginer faire un métier où je n’aide pas les gens, j’ai besoin de cette reconnaissance sociale.

9- Actuellement ce qui me booste beaucoup c’est de reconstruire un petit monde autour de moi. Je vois ça comme une bonne rando, c’est long, tu souffres, mais quand tu arrives en haut tu oublies tout d’un coup et tu es très fière. Pour se créer tout un réseau d’amis , trouver un boulot, avoir un appart dans une ville c’est pareil, et une fois fait cela me rend très fière.

10- J’aimerais avoir le courage d’investir du temps dans une vie que j’ai choisie! Me sentir à 200% chez moi quelque part. Je serais accomplie quand je me sentirais vraiment chez moi.

11- La chouille avec mon père en fêtant son anniversaire! Puisque maintenant on s’entend super bien ! Et demain je serais marraine !

1- Nuit Fauve - Fauve & Taro - Alt-J & Aicha - Khaled

2- Faites ce que vous voulez mais faites-le consciemment. Sachez tout ce que cela entraîne.

3- Ouais! J’ai la chance d’avoir beaucoup de très bons amis. Je m’estime très chanceuse pour cela. Je ne cesse de le vérifier, d’abord quand je suis partie de chez moi et puis maintenant avec les gens qui m’ont aidé dans mon projet.

4- Comme quelqu’un qui est bien dans ses baskets, qui est sympathique et qui fait toujours la bonne blague sale. Mais aussi comme une personne qui écoute.

5- J’ai la chance de penser que la perception que j’ai de moi est la même que celle que j’envoie aux gens. Donc d’être bien dans mes baskets, tranquille, et sale puisque mes blagues gênent les gens. Mais je dois avouer ne pas forcément aussi bien me sentir que ce que je laisse transparaître, mais c’est normal je pense.

6- Complètement. J’ai des blessures qui font qui je suis. Elles participent à faire cette personne qui se sent bien avec ce qu’elle est et qui va voir ailleurs s’il y est (qui voyage). Même si je ne pars pas trop en ce moment.

7- Bien sûr. Mon oncle a tenté de tuer mon père un soir d’été. Il est même allé jusqu’à enfoncer la baie vitrée de chez nous avec une voiture pour rentrer. Nous n’en sommes pas sûr mais ma mère et moi aurions pu être les suivants si mon père ne l’avait pas maîtrisé. C’est une blessure en soit mais il y a aussi la justification que l’on m’a donné. En effet il avait des antécédents avec mon père mais les justifications étaient liées à un manque d’éducation. En effet il est peu sorti de notre région, il n’avait pas l’esprit ouvert. C’est donc ça qui m’a donné envie de partir, rencontrer des gens, échanger, aller voir plus loin. Ce n’est pas toujours la solution la plus facile mais on y apprend beaucoup selon moi. Mon envie de simplicité vient de là aussi. Je me suis rendue compte qu’il y avait plein de choses simples à faire ailleurs et qui apportent beaucoup.

8- Les gens et les voyages. Par « les gens » j’entends: mon cousin avec qui j’ai passé deux merveilleuses semaines après. Mes copains qui m’ont beaucoup soutenue sans pour autant que je leur en parle beaucoup. Ils m’ont donné beaucoup de preuves d’amitié . Et une fille, j’ai été bien accompagné dans ces moments difficiles par une personne très différente de moi mais qui n’a eu de cesse de m’ouvrir l’esprit. Le fait de transformer ma blessure en force et le fait d’avoir une vision simple de la vie sont venus compléter cela.

9- C’est vraiment la simplicité (l’art de la simplicité). Cela me permet d’avancer avec l’idée que j’aurai tout ce que je veux dans ma vie puisque mes envies sont simples. Bien sûr il ne faut pas vouloir devenir président, rouler en Porsche, avoir une maison de 500 m2. Mais personnellement j’ai la sensation que si je souhaite voyager je pourrai, si je veux avoir une petite maison j’y arriverai, si je veux trouver quelqu’un qui me convient et avoir des enfants j’y arriverai! Cela me permet vraiment d’envisager la vie sans me sentir bloquée, et donc libre.

10- Finir ce projet! Mais j’ai la chance, avec ce projet, d’accomplir quelque chose qui me fait beaucoup de bien. Pendant très longtemps j’ai été arrêtée par moi même, je n’osais pas aller au bout de mes idées. Il me manque donc à finir ce projet, à me lancer et à continuer!

11- Aller boire de la bière avec ma coloc, profiter de la vie et retranscrire des heures d’audio!

1- Les escaliers - Pirouette & Où va le monde - la femme & La vengeance d’une louve - Les Brigittes

2- Calmez-vous !! Aimez vos voisins et arrêtez de fermer votre porte à clé

3- Non,deux. Sûrement plus mais auxquels je ne pense pas là tout de suite. Je sais que je peux les appeler toute la nuit, ils m’aideront. On a passé un cap d’acceptation.

4- Je pense qu’ils m’aiment tous beaucoup. Je suis perçue comme quelqu’un qui donne beaucoup autant qu’une personne qui prend beaucoup. Je peux donner à l’infini mais je suis chiante, moralisatrice, je peux donner la sensation d’avoir tout vécu. Avec une bonne balance entre les deux. J’espère que les gens m’aiment.

5- Oula, je pense que je suis quelqu’un de bien dans les apparences mais pas tant que ça. Je pense que j’ai du mal à me situer dans la vie, j’ai conscience de ce que je suis, je sais ce que je peux faire mais pas ce que je ne peux pas faire puisque pour moi je peux tout faire! Mais je suis reloue, chiante, j’ai toujours un truc à dire, je peux pas passer une journée si je râle pas. J’ai besoin de tout voir, tout percevoir mais c’est positif ça permet d’être curieux! Mais ça a un côté un peu relou. Mais je crois que je m’aime puisque j’ai beaucoup de fierté!

6- Ha complètement, je suis un peu une héroïne pour moi ! Puisque peu importe les galères que tu vis tu peux t’en relever ! Cela m’a donné ma ténacité, l’envie et le dépassement des choses que j’ai aujourd’hui. J’ai appris à être moins matérialiste.

7- Ah oui cela ne me dérange pas. Ma première blessure c’est l’abandon. Quand j’étais petite mon père est mort et ma mère était toxico. J’ai vite appris à grandir seule dans la rue avec les gens, à être dans une société qui ne voulait pas de ma mère ou des problèmes que je rencontrais. Quand tu te prends en charge très jeune tu te crois indépendante, capable de tout, tout le temps. J’avais dix ans et je ne comprenais pas pourquoi on ne voulait pas me servir dans les bars, alors que je me faisais à manger, que je trouvais de l’argent pour me nourrir, que j’entretenais ma mère. Mais il y a aussi tout le côté amour et empathie que j’en retiens. J’ai mal quand je vois des gens dans le besoin dans la rue. Le fait d’avoir été abandonnée jeune je vois tout ça.

8- A 15 ans j’avais déjà fait 7 ans de psychothérapie. J’ai pas eu le droit de garder les choses pour moi, il fallait que je dise tout. C’est important de dire les choses jeune. Le fait de vivre les choses jeune te permet d’affronter d’autres choses plus tard. Mais dans tous les cas j’ai eu une mère très compliquée qui n’a jamais cessé de m’aimer, il en est de même pour mon père. Pour moi c’est cette capacité à aimer les gens qui permet d’apprécier la vie. Tu te rends compte que de t’enfoncer dans la haine et la colère ne fait que te la renvoyer dans la tête. Ma rencontre avec un danseur de tecktonik de rue, de voir comment il se fichait de l’avis des gens m’a fait me dire que je voulais être comme ça.

9- Je suis dans un moment de réflexion ultime ! Toute notre vie on cherche à atteindre un but mais est-ce que finalement le but ultime ne serait pas qu’il n’y a pas de but? C’est donc d’avancer en répondant aux envies du moment. Un objectif qu’il soit atteint ou non, il a le mérite d’être là. Pour la première fois de ma vie je suis dans le flou mais je suis contente! Je ne veux plus me poser de questions.

10- De la confiance en moi! J’ai celle des autres mais un peu plus de confiance en moi. Quand tu en as pas assez tu t’en rends compte, tu t’en rends compte aussi quand tu en as trop! Le juste milieu il est tout le reste du temps, quand tu n’y penses pas! Si on pouvait régler ça une bonne fois pour toute ce serait parfait.11- Je vais rentrer, je vais manger un gros sandwich, je fais faire un gros câlin à mon chien et faire un gros câlin à ma femme. J’ai envie de travailler parce que ça me manque. Mais je n’ai plus envie de sacrifier ma vie au travail pour quelqu’un qui n’en a pas conscience.

1- Japanese Denim - Daniel Caesar & Why are there boundaries - FKJ & Bullet proof Soul - Sade

2- B***** de con arrêtez de faire les c**s et préservez notre bonne vieille Terre. On est tous déconnectés et on ne réalise pas le manque d’action pour sauver la planète. Sauvons notre vieille bonne Terre.

3- Oui ! et les vrais bons amis je les compte sur la main. J’ai une capacité à aller vers les autres ce qui fait que je rencontre plein de gens facilement. Mais je pense que c’est préférable d’avoir moins d’amis, pour ne pas trop se disperser et être là pour eux quand il faut.

4- Etant une personne qui a vraiment travaillé sur la peur du jugement, je pense qu’ils me voient comme quelqu’un de dynamique, passionnée, qui court dans tous les sens, qui est sociable. Mais je suis une personne avec de nombreuses couches qui ne se révèle pas entièrement au gens, jamais. Même pas à ma famille. Les gens voient donc la partie émergée de l’iceberg. Mais j’apprends actuellement à enlever quelques couches protectrices entre les gens et moi.

5- Hoho! L’image de moi-même est dure! J’ai peur que l’on me juge, c’est ce qui m’a fait devenir très intransigeante avec moi même. Je voulais être parfaite dans tous les domaines: travail, sport, couple. J’ai accepté depuis un moment déjà que l’on ne pouvait pas être parfait partout mais je veux toujours aller plus haut. Ce n’est pas facile tous les jours mais cela va mieux. J’ai encore du mal à accepter les compliments des autres à cause de mon envie d’aller plus haut, mais là aussi je l’accepte de plus en plus. Le seul domaine où je suis actuellement au point mort c’est le domaine amoureux. Le domaine affectif c’est celui où je suis la plus critique avec moi même, puisque je ne contrôle pas tout.

6- Oui c’est évident. Les conséquences de mes blessures: la boulimie, la peur de l’échec, le perfectionnisme, proviennent de mes blessures. Sans mes blessures je n’aurais pas eu cette dureté envers moi-même. Parce que pour moi être parfaite permet de ne pas être atteignable et vulnérable. Quelque part, inconsciemment je ne veux pas être de nouveau vulnérable. Alors que selon moi il faut être vulnérable pour vivre de belles choses.

7- J’en ai tellement de blessures. En faisant le récapitulatif de ma vie, mon enfance, j’en arrive parfois à me demander comment je reste saine d’esprit. Je suis fille de divorcés, de deux parents complètement tarés, qui psychologiquement ont des tares lourdes. Donc j’ai grandi dans ce climat de conflit entre eux. J’ai donc eu à endosser un rôle de parent pour ma soeur. Mon père m’a beaucoup maltraitée psychologiquement, il ne s'intéressait pas à moi et ne s’occupait pas de ma soeur. Ma mère de l’autre côté était dans la surprotection. Elle nous a donc inculqué plein de bonnes choses et des choses erronées qui ont notamment été les raisons de ma boulimie. Puis vient ma pré-adolescence où j’ai été violée à répétition par différents hommes. Mon rapport au corps à l’intimité a été compliqué. J’ai pensé qu’en tassant tout cela au fond de moi cela irait mieux. Mais à 23 ans tout m’a explosé à la gueule. Que ce soient mes parents ou mes bourreaux, il y a eu un abus de ma vulnérabilité. C’est pour cela que je me réfugie sous ma grosse carapace. De nos jours j’affronte une nouvelle blessure que j’affronte autrement, à savoir les maladies physiques de mes parents.

8- Je pense que ma capacité émotionnelle à intellectualiser, c’est un mécanisme de défense que j’ai eu très tôt et qui m’a beaucoup aidée. De la même façon l’idée que lorsque tu touches le fond, tu ne peux que rebondir. Je me suis beaucoup demandé “pourquoi moi?” puis j’ai appris à m’aimer. J’attendais le renversement de la balance qu’après tout ce négatif vienne une vie pleine de positif. Puis un jour j’ai compris que ces blessures et situations graves étaient là comme des épreuves dans ma vie et m’ont permises d’être la meilleure de moi-même et plus forte.

9- Ce qui me fait avancer c’est ma persévérance, ma volonté et mes amis. Mais il y a aussi ma psychothérapie qui me permet d’avancer dans le traitement des mes problèmes. J’ai longtemps tourné autour du pot le temps de m’armer mais actuellement je suis au coeur du problème. Et il ne faut pas oublier mes amis et la pratique de la danse.10- Il me manque plus de lâcher prise pour plus ressentir.

11- Rire et ne plus parler, être prise au dépourvu et me demander “ pourquoi cette question?”.

Participations annexes

Lors de ces interviews il c'est dégagé deux témoignages annexes. J'ai souhaité les distingués de l'expo tout en les conservant proche car je pense qu'ils la complète bien. Un est la retranscription d'un des témoignages et l'autre est un essai.

Le vide, le néant.

Le poids du chagrin, de la honte.

Un calvaire sans fin.

Un trou noir, qui absorbe toutes les ondes négatives, sans limite palpable. On se réfugie dans différents remèdes qui n’en sont pas : la bouffe, les régimes, l’alcool, la drogue. On oublie ce que c’est qu’être humain. On oublie pourquoi on est là, pourquoi on a fait tout ce qu’on a fait jusque-là. Quel est le but de toute cette histoire qui est la nôtre ? La finalité ? Y’a-t-il une issue, une porte par laquelle on pourrait passer et retrouver un sens à tout ça ? Ou serons-nous bloqués ainsi toute la vie ?

S’il y avait une réponse unique à toutes ces questions, il n’y aurait pas de dépressif. Pas de malheur, pas de tristesse dans le cœur des gens. Nous sommes ici pour une raison. Tous. Nous nous sommes battus d’une manière ou d’une autre pour arriver en cet instant t alors il faut continuer. Et bien la dépression c’est quand on commence à mettre cette turbine infernale sur pause, à contempler le temps qui passe et à se demander pourquoi il faut continuer. A quoi bon ? Puisqu’on n’a plus goût à rien. Puisqu’on ne sera jamais plus comme avant, avec notre joie de vivre envolée en éclats. La seule sensation qui persiste c’est une amertume dans la bouche, comme une bouchée de dégoût à chaque inspiration. On espère que l’expiration suivante déliera enfin le mal de notre cage thoracique, mais il n’en est rien. Nous sommes comme piégés par le temps qui passe, enroulé dans son drapé de passé, absorbé par la furtivité de sa réalité. Incapable de faire le moindre pas en avant, l’envie constante de revenir en arrière, de comprendre où ça a merdé.

Mais tout va bien, pourtant. Il y a pire dans la vie que ce qui nous arrive. Il faut se mettre des coups de pied au cul parfois et hop, ça repart !

Non. Ca repart pas. La dépression, c’est une vraie maladie. Demandez à un épileptique de faire un effort pour éviter les crises, et vous aurez le même résultat : un mur. Vous continuerez à vous frapper à un mur tant que vous n’aurez pas compris qu’être déprimé, c’est avant tout avoir besoin d’être soutenu, écouté, encore apprécié malgré le noir qui nous ronge de l’intérieur. Nous ne sommes pas des fainéants, des pessimistes ou des râleurs. Nous sommes des êtres peut-être trop songeurs, trop sensibles, trop tout. Mais nous ne sommes pas pour autant inconscients. De tout le bonheur qui nous entoure, des gens, des attentions. Et c’est ce qui rend la maladie plus dure à supporter parfois : ne pas pouvoir toucher du doigt ce bonheur qui vous tend la main, et vous crie d’éclater cette bulle glaciale qui vous confine dans le royaume des irréductibles chouineurs. Il est parfois pire d’être confronté au bonheur et de ne plus le comprendre, que simplement confronté au malheur.

Et puis un jour, on décide qu’on n’écoutera plus tout ce bruit. On décide qu’il est temps de faire ce qu’il y a à faire : aller voir un psychiatre. Un spécialiste, qui en connaît un rayon sur les férues de sensations sombres. C’est une étape compliquée, lourde. Commencer une thérapie et/ou un traitement, c’est faire face à la maladie et l’accepter. Et faire face, c’est difficile en tant que dépressif. Mais c‘est là qu’on trouve des réponses à nos premières questions, des repères, des mots qui font du bien. Qu’on comprend qu’on n’est pas seuls, qu’on peut poser des mots précis sur le flou qui nous entoure depuis si longtemps déjà. On apprend alors qu’on peut s’en sortir, même si c’est long, même si c’est dur et que les pilules, ce n’est pas magique, on peut s’en sortir. Avec de l’acharnement, mélangé à du laisser-aller, de la volonté ponctuée de lâcher-prise. Des heures et des heures seront passées à parler, à sortir enfin tout ce qui se passe dans cette petite tête et dénouer la pelote qui a pris possession de votre cerveau.

Alors entourez-vous, ne rejetez pas l’aide des autres mais aimez. Et surtout soyez fiers, vous n’êtes pas un monstre : c’est juste un mauvais moment à passer.

Une joyeuse inconnue.

La dépression, ou l'abîme des sens

Cette nuit, je me suis faite violer. Je l’ai arrêté. J’ai essayé de comprendre pourquoi mon ami m’a fait cela. Puis je suis partie. Je me suis retrouvée dehors à 6 heure et demie en habits de soirée. C’est là que l’enfer a commencé. Quand je suis rentrée dans le métro, je me suis effondrée en larmes. Une dame s’est approchée de moi et m’a tendu un mouchoir en me disant: « Pleurez pas mademoiselle, vous allez voir cela va aller mieux aujourd’hui ». Ben non!! Si seulement, elle savait! En sortant du métro, une autre femme s’est approchée de moi pour savoir si j’allais bien. Je lui ai répondu que je pensais que je venais de me faire agresser sexuellement. Elle ne voulait pas me laisser seule donc elle m’a invitée à la suivre jusqu’à son boulot, mais arrivée en bas je n’avais pas le droit de l’accompagner. Je ne savais même pas pourquoi je l’avais suivie.

Je suis donc repartie chez moi. Je suis donc arrivée chez moi aux alentours de 8 heures moins le quart. J’ai pris une longue douche, très très longue douche ( chose qu’il ne fallait pas faire). J’ai contacté tous ceux que je pouvais: mon voisin, des copines, mon ancien mec. Mon ancien copain a très mal réagi, il me demandait pourquoi je lui en parlais à lui et pas à mes copines, si j’étais sûre d’avoir été violée (connard qui m’a largué deux semaines après). Enfin,une amie à qui j’avais dit que la situation était urgente est elle arrivée direct. Elle a beaucoup pris sur elle. Puis d’autres amis sont arrivés. C’est admirable de voir comment les gens autour de moi sont restés calmes. Elles m’ont demandé si je voulais aller voir la police, oui? non? Oui ? Non ? Oui!

Je suis arrivée devant la porte du commissariat aux alentours de 10 h . Un vigile devant la porte m’a demandé pourquoi j’étais là.

-” Pour porter plainte

- Porter plainte pourquoi?

- Pour Viol! ( C’était la première fois que je prononcé le mot viol, avant je l’avais fait deviner).

- Ha!“

Il m’a alors invitée à rentrer. J’ai été entendue mais le policier m’a demandée si j’étais sûre que je voulais porter plainte, puisque la personne risque jusqu’à 20 ans de prison. Il m’a donc invité à aller y réfléchir une heure dans la salle d’attente. Lorsque je suis arrivée dans la salle d’attente j’ai eu besoin de sortir prendre l’air. Une fois dehors je me suis demandée si j’appelais ma sœur ou non. Parce ma sœur est médecin mais aussi parce que ma soeur est ma sœur. J’ai fini par l’appeler, elle est venue et elle est restée très calme et très pro ce qui m’a beaucoup aidée. Lorsque j’ai été sûre que je voulais porter plainte, le policier n’était plus disponible. Il m’a donc fallu attendre, ma sœur essayait d’accélérer les choses puisqu’elle savait que c’était la course contre la montre pour réaliser des tests de drogues, MST ou d’autres tests. Je n’avais toujours pas mangé depuis midi la veille. L’interview a enfin commencé. Il m’a donc fallu tout raconter à un policier septique sur le fait qu’il faille tout raconter comme: le fait que j’ai entendu le voisin cogner contre le mur à cause du bruit ou comme sa consommation de cocaïne. Je lui ai bien dit que cela me semblait important! Ce voisin était le seul témoin potentiel et je ne l’accusais pas pour sa consommation mais parce que cela pouvait avoir une importance pour le jugement. Il a ensuite voulu entendre les témoignages de mes amis et ma sœur. Il était donc 21h quand je suis sortie du commissariat en direction de la médecine légale.

Arrivée aux urgences, ils étaient prévenus et c’est appréciable. L’équipe qui m’a prise en charge était composée seulement de femmes. Elles sont allées doucement, étaient calmes. La prise de sang m’a semblé horrible, mon corps était à bout de nerf et ne supportait pas cette nouvelle intrusion. Elles m’ont donné de nombreuses pilules. Après il m’a fallu de nouveaux expliquer tout ce qui m’était arrivé, si j’avais des bleus avec ma sœur à côté. Je suis passée à côté, « Allez on enlève! », elle m’a examinée, fait un frottis, j’avais trop mal, elle n’a donc pas pu utiliser le spéculum. Elle m’a demandé de lui montrer sur un schéma où j’avais mal.

Je suis rentrée à 22 heures 30 chez moi. Alors que je montais les escaliers, le voisin du bas m’a invité à passer faire la fête chez lui. Mais j’ai décliné son invitation. Ma sœur a été très mignonne et m’a commandé des sushis, j’ai enfin pu manger. Les médicaments m’en ont fait chié toute la nuit mais ma journée était enfin finie! Cette journée était un enfer mais ce n’était pas la dernière de la route de mon rétablissement.

24 heures d'un viol

Je sais que cette expo peut être assez lourde. C'est pour cela que je vous propose de répondre à ces questions. Après elles rejoindront les autres témoignages ci-dessous.